Par Neolam, le 04 mars 2025

Un manque de logements criant dans les zones touristiques

Le constat est le même dans les Alpes, les Pyrénées, la Côte d’Azur ou encore la côte Atlantique : la tension sur le marché locatif est telle que les travailleurs saisonniers peinent à trouver un logement abordable. La priorité donnée aux locations touristiques de courte durée, plus rentables pour les propriétaires, réduit drastiquement l’offre de logements accessibles à ces travailleurs temporaires.

À Briançon ou à Chamonix, certains saisonniers sont contraints de dormir dans leur voiture ou de cohabiter à plusieurs dans des espaces minuscules. En Haute-Savoie, des travailleurs parlent de loyers exorbitants pour des conditions de vie précaires, accentuant encore la pénurie de main-d’œuvre déjà criante dans le secteur HCR. Le phénomène est similaire sur le littoral où, chaque été, les employés des bars et restaurants se retrouvent à devoir chercher des solutions d’hébergement souvent bien trop coûteuses par rapport à leurs revenus.

Dans les stations balnéaires de la Méditerranée ou de l’Atlantique, le problème est identique : la demande touristique fait exploser les prix, et la priorité accordée aux locations saisonnières Airbnb rend presque impossible l’accès au logement longue durée. Certains employeurs en viennent à héberger leurs salariés directement dans des chambres d’hôtel ou des dortoirs improvisés, faute d’alternatives viables.

Des initiatives locales, mais des solutions encore insuffisantes

Face à cette crise, plusieurs initiatives ont vu le jour. Certaines communes touristiques, comme La Plagne en Savoie, ont racheté des résidences pour y loger les saisonniers, garantissant ainsi un accès au logement à leurs travailleurs. D’autres régions mobilisent les résidences étudiantes en basse saison pour accueillir des travailleurs saisonniers, une alternative qui permet d’optimiser des infrastructures existantes.

Dans certaines stations balnéaires, des propriétaires sont incités à réserver une partie de leur parc locatif pour des travailleurs saisonniers, avec des aides financières à la clé. Cependant, ces initiatives restent trop limitées pour répondre à la demande grandissante et peinent à être généralisées à grande échelle.

Le rôle des employeurs : entre initiatives et contraintes

Les employeurs du secteur HCR jouent un rôle clé dans l’hébergement des saisonniers. Si certaines grandes chaînes hôtelières proposent des logements de fonction ou des partenariats avec des bailleurs, les petites structures peinent à suivre le rythme. Offrir un logement peut représenter un avantage concurrentiel dans le recrutement, mais encore faut-il que l’entreprise ait les moyens de le financer.

D’autant que les réglementations encadrant le logement des saisonniers sont complexes. Un employeur qui met un logement à disposition doit respecter certaines normes. Si le logement est fourni gratuitement, il est considéré comme un avantage en nature et soumis à cotisations sociales, un point qui freine de nombreux patrons d’établissements à s’engager sur cette voie.

Vers une prise de conscience et des mesures plus larges

Face à l’urgence, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à une réforme de fond sur le logement des saisonniers. Parmi les solutions évoquées figurent la mobilisation des logements vacants, l’encadrement plus strict des locations touristiques, ainsi que des incitations fiscales pour les propriétaires acceptant de louer à des travailleurs saisonniers.

Le gouvernement, de son côté, étudie la possibilité de créer des résidences dédiées, sur le modèle des foyers de jeunes travailleurs, pour répondre à la demande croissante. Mais pour l’instant, aucune mesure nationale contraignante n’a été mise en place, laissant les territoires gérer la crise avec leurs propres moyens.

Un enjeu clé pour l’avenir du secteur HCR

L’attractivité du secteur HCR repose en grande partie sur la capacité des employeurs à offrir des conditions de travail et de vie dignes à leurs salariés. Sans solution rapide et efficace à la crise du logement des saisonniers, de plus en plus de travailleurs pourraient se détourner de ces emplois, aggravant encore les difficultés de recrutement.

Stations de ski, stations balnéaires, zones touristiques… Partout, le constat est le même. Tant que des solutions durables ne seront pas mises en place, la pénurie de logements continuera d’entraver le bon fonctionnement du secteur HCR. Il est temps que l’ensemble des acteurs – collectivités, employeurs et pouvoirs publics – prennent à bras-le-corps ce défi essentiel à la survie économique de nombreux territoires français.